Leçon d'orthographe
Publié le 20 Mars 2014
Le boulot d’instit peut être merveilleux, drôle, attendrissant, mais aussi parfois ingrat voire désespérant…
C’est notamment quand on apprend aux enfants à conjuguer au passé simple (franchement, qui dit encore : « Nous vous passâmes les tomates et vous fîtes une délicieuse sauce avec. » ??) que l’on sent notre motivation d’éducateur défaillir. Ou bien, encore, lorsqu’on tente de leur expliquer que « C’est alors », ne PEUT PAS s’écrire « Cet alors », ni même « Ces talors », et que là, on se demande vraiment pourquoi, bientôt, il va falloir attaquer le plus-que-parfait... Ou, enfin, quand on s’évertue à leur faire croire que la proportionnalité ça peut être vraiment drôle, persuadés que notre aura d’enseignant suffira à leur faire gober n’importe quoi !
Et puis, dans ces moments d’intense réflexion grammairienne, de cogitations mathématiques, surgit un instant de pure félicité, comme l’autre jour, quand, corrigeant avec ma classe un exercice sur l’accord de l’adjectif, un élève, très fier d’avoir trouvé la solution se déhanchait sur sa chaise, le doigt tendu bien haut pour être interrogé.
« Tu as donc trouvé le féminin de pluvieux ?
-Ah oui, c’est pluvieille ! »
Ça peut être un point de vue, après tout, la vieillesse pouvant s'accompagner de pensées sombres et nuageuses voire même orageuses …
C’est en tout cas, dans ces moments-là, que j’aime plus que tout enseigner !