Des lions, des éléphants et le désert…
Publié le 8 Janvier 2014
… et pourtant, je ne suis pas en Afrique.
Le désert n’est pas de sable, c’est une pampa immense, infinie, à la végétation sèche et rase, la route qui le traverse est droite, tracée par un géomètre soucieux d’orthogonalité, elle semble ne pas avoir de fin. Ce n’est pas vraiment une route, d’ailleurs, mais presque une piste, caillouteuse et aride. La voiture soulève des nuages de poussière qui restent un moment en suspension dans cet air chaud, sans vent.
Seuls quelques courageux habitants nous regardent passer, l’air surpris : lamas, perdrix, nandous, tatous et même des moutons, règnent en maîtres sur ces terres sans douceur. Ils ont pris la couleur de cette terre aux tons de beige, d’ocre et de gris.
Les éléphants ne sont pas, non plus, les mammifères terrestres aux grandes oreilles cousins de Dumbo. Ils cousineraient plutôt avec Flipper. En plus moches, en fait. Ces monstres tout en graisse viennent s’allonger 6 mois durant sur les côtes argentines pour se reposer et faire des petits. Quand je dis « petits », c’est un peu exagéré bien sûr. Sachant leur géniteur peut faire jusqu’à 5 mètres de long, vous pouvez imaginer les mensurations de son rejeton.
Et les lions que nous avons observé pendant de longs moments ne sont pas les rois des animaux et de la savane mais en ont le rugissement et la crinière légèrement dorée. Les mâles sont massifs et teigneux, laissant de profondes blessures aux malheureux curieux désireux de s’approcher trop près du harem de leur rival. Ils vivent en grands groupes dont les siestes au soleil ne sont interrompues que par les grognements ou les bagarres, renvoyant les plus faibles individus à la mer ou loin du reste de ses congénères. Quelques femelles mettent bas au milieu de toute cette confusion, seules, mais entourées d’une horde de mouettes se jetant sur le placenta dès que la mère s’en est libérée.
Et là, j’ai l’impression de plonger dans un de ces reportages qu’on regarde en rentrant de boîte, à l’heure où certains travailleurs se lèvent déjà et qui nous racontent la vie des bêtes et leurs passionnants rites sociaux.
On a terminé notre tour dans ce gigantesque zoo à ciel ouvert, par les pingouins de Magellan, creusant des trous dans la falaise friable pour y faire leur nid. Ils sont bien curieux et peu intimidés par notre haute stature, venant faire leur toilette sous nos yeux émerveillés ou prenant la pose devant les nombreux photographes.
Et, cerise sur le gâteau de ce voyage dans le Nord-est de la Patagonie, nous nous gavons de fruits de mers et de viandes argentines…il n’y a même pas de feijão au menu !!