Bonne Maman
Publié le 30 Janvier 2013
Dans la série « j’ai pris un coup de vieux » : cet après-midi j’ai fait des confitures.
Ça me renvoie à mes plus jeunes années lorsque mes grands-parents tournaient et retournaient inlassablement de grandes cuillères en bois dans des marmites en cuivre qui me paraissaient démesurément gigantesques à l’époque.
Mon papi sérieux, avec toute la rigueur de son grand âge (mais aussi certainement à cause d’un sommeil qui commençait à lui faire défaut), se levait « à l’heure où blanchit la campagne » (comme dirait mon papa chéri, qui a lui-même volé cette phrase à un certain V.H., dont je tairai le nom), pour aller biner, sarcler, tailler et semer jusqu’à la tombée du jour, dans son jardin potager. Ce dernier le lui rendait bien, car il y avait, en période estivale, des rangées innombrables de framboises pourpres, des cerises dodues tombant toutes seules dans des paniers d’osier ou encore des fraises faisant de l’œil à mon estomac affamé…
Cette corne d’abondance déversait tout ce beau monde dans les cocottes de mes aïeuls cuisiniers, qui, à leur tour couvraient de pots de confiture, les étagères de leur garage, se faisant une collection qui n’avait rien à envier aux usines Bonne Maman. On en retrouva de très nombreux vestiges lorsque la vie les contraignit à quitter leur jardin d'Eden.
J’ai donc repris, un peu forcée, le flambeau de la tradition familiale. En effet, en quittant le Nordeste, la semaine dernière, le chauffeur de taxi avec lequel nous avions bien sympathisé à l’aller, nous avait apporté, pour le retour, un cadeau venu directement de son jardin tropical : un carton rempli d’ananas, de mangues, de papayes et de citrons verts, simplement fermé par quelques bouts de scotch. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, à la sortie de l’avion (après une escale), le carton était presque en bon état et les fruits à peine abimés. Je me devais donc de ne pas laisser lâchement et paresseusement pourrir ces fruits indestructibles, qui avaient traversé tout le Brésil pour atterrir dans ma corbeille à fruits.
Voilà donc, le résultat de ma production :
Et, pour ceux que cela intéresse, voici la recette, qui m’a permis de remplir environ 7 pots :
- Mélanger 1 kg de sucre avec 1,5 kg de mangues coupées en dés (laisser les noyaux) pendant une nuit.
- Ajouter ensuite une gousse de vanille ouverte en deux, dont on aura gratté l’intérieur.
- Faire cuire à feu vif pendant 30 minutes après l’ébullition.
- J’ai même mixé le tout (après avoir enlevé les noyaux des mangues !!) pour ne pas sentir les petits poils des mangues.
Maintenant, il va falloir que je m’attelle au nettoyage de tous les longs fils de sucre collants que j’ai laissés couler dans toute la cuisine…Je f’rai pas ça tous les jours !!